dimanche 29 avril 2012

From Link To Link


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avec Catherine Schwartz

Auditorium du musée des Beaux-arts de Rouen
Dans le cadre du colloque international organisé par le laboratoire Edith de L'ESADHaR, École Supérieure d'Art et Design Le Havre / Rouen.
"Un atlas de la microédition : quelles routes pour quels enjeux ?"

22 mars 2012


WarsawwasraW


« WARSAWWASRAW » : une signature spéculaire en forme d'énigme, revenant intégralement sur elle-même et construite lettre après lettre, dont l'objet, outre l'introduction du trouble, est de dénoter une entité gémellaire et incandescente, obtenue au terme d'un processus de soustractions réitérées, et à l'image d'un organisme anormal, échappé d'un bestiaire délirant, dont le mode de fonctionnement (paradoxal) consisterait à s'amputer lui-même, membre après membre. Quintette puis quartette puis trrrio, la « bestiole » – actuellement dans un équilibre méta-stable dont personne ne peut réellement présumer de l'issue – est aujourd'hui placée sous le signe de la dyade, qui symbolise au mieux l'essence de la confrontation et de l'urgence, faisant ainsi écho (jeu de miroir là encore) à ce nom obsédant, constitué de symétries et d'inversions. Ces architectes du bruit, impavides, sculptent leurs cathédrales à coup de grenades, tandis que nous nous trouvons immergés au coeur d'un flux sonore indomptable, dont le rugissement/surgissement n'est interrompu que par de courtes plages d'un silence, évidemment hésitant, mais tout aussi outrageusement violent. Transgression turgescente, accidents ferroviaires, géométrie bipolaire, chaos maîtrisé : célébrons les « ANARCHITECTES ».

Prön Flavürdik : une biographie

Prön Flåvürdik, groupe au nom beaucoup moins imprononçable qu'il n'y paraît
au premier regard, continue à croître et à se métamorphoser depuis 2004, arrosé par la
bruine de Rouen, ville brumeuse dont sont originaires ses membres.

Amphibienne, l'entité s'accommode aussi bien de l'obscurité des caves de lieux
interlopes que de la clarté du white cube d'une galerie d'art.
Elle produit une musique surprenante, à dominante instrumentale – musique
cinématographique, au sens où ses compositions fonctionnent comme autant de
musiques de films. Mais de films jamais tournés, qui se projettent néanmoins sur la
surface de l'esprit de l'auditeur, pour le transpercer en profondeur. Et où, selon l'imaginaire
de chacun, la créature d'Alien pourrait s'être égarée sur le plateau de tournage d'un porno
réalisé par Sergio Leone, avant de nous poursuivre dans le labyrinthe de Shining. Ou le
palais des glaces de The Lady From Shanghai.

Dernière réalisation en date, Legacy, album constitué d'une unique piste pour une
durée approximative de 40 minutes (tout comme ses trois prédécesseurs), procède par
déploiement organique, et propose comme expérience une longue apnée à travers une
pluralité de climats.

Lourds riffs reptiliens, obsédants, nappes de synthétiseurs en expansion, basses
percussives, saturation de l'espace sonore, voix vocodées. Un exosquelette métallique
rampe, accélère. Ses articulations grincent. Le carnage est imminent. (Hurlements). Des
respirations suivent les brisures, des voix lointaines psalmodient des mantras pour un
culte stellaire secret, dans la noirceur de l'obsidienne. Un cheminement initiatique vers
une Transcendance cachée à l'extrémité d'un tunnel infini.

Musique exigeante, pas si éloignée toutefois de la scène punk-hardcore
dans laquelle elle s'enracine (elle en conserve l'urgence et la fureur), mais dont elle a su
s'émanciper pour produire une musique autre.
Développant son univers propre, la formation n'est pas pour autant autarcique.
À géométrie variable, aujourd'hui stabilisée sous la forme d'un quartet, après avoir
fusionné le temps d'un enregistrement avec une autre formation rouennaise (Le Noise
Addicted Ensemble et ses cuivres free-jazz), elle suscite collaborations diverses et
rencontres insolites. 

« Quand ils furent passés de l'autre côté du pont, les fantômes vinrent à leur rencontre ».